Dialyse verte : entre mythe et réalité ?

Dans le monde, 2 millions de patients souffrent actuellement d’insuffisance rénale chronique terminale (IRCT) et ce chiffre est en constante augmentation. En France, cela concerne environ 90 000 patients. La question de l’impact de leur prise en charge sur l’environnement est une vraie question car la dialyse est une activité de soin particulièrement consommatrice d’énergie, d’eau et productrice de déchets. Retour sur les enjeux de la dialyse verte.

Une séance de dialyse génère 1 à 2 kg de déchets d’activités de soins à risques infectieux (DASRI), nécessite entre 3,5 à 4,5 litres de concentrés acides, conduit à la génération de déchets plastiques et requiert en moyenne 300 à 350 litres d’eau.

Des solutions sont déjà à l’œuvre qui reposent sur une approche écoresponsable transverse et pluridisciplinaire. « Un centre de dialyse a trois missions principales, explique Philippe Auvray, directeur régional PACA1 des centres B. Braun Avitum et docteur en pharmacie, prendre soin des patients, et ainsi garantir la sécurité des soins qu’on leur délivre, prendre soin des soignants en leur offrant une qualité de vie au travail améliorée et, enfin, prendre soin de l’environnement, en ayant le moins d’impact possible sur l’écosystème ».

Les bonnes pratiques des centres de dialyse

„Depuis plusieurs années, les centres B. Braun Avitum mènent une réflexion sur le développement durable qui s’inscrit dans une stratégie globale. Les enjeux liés à la mise en œuvre d’une dialyse "verte" se situent véritablement à toutes les échelles. Au niveau de la réduction de l’impact environnemental avec, par exemple, le remplacement des ampoules par des Led ou l’étude pour la mise en place de panneaux photovoltaïques à Antibes. Mais aussi au niveau social et sociétal en intégrant dans notre démarche la qualité de vie au travail et le bien-être des collaborateurs.“

– Cécile Naux directrice qualité B. Braun Avitum France

Le défi du réemploi de l’eau

Avec en moyenne 300 à 350 litres utilisés par séance et par patient, l’eau est le premier levier d’une dialyse écoresponsable. C’est aussi un médicament à part entière qui doit répondre à plusieurs impératifs tels que la constance physico-chimique, l’absence de toxicité pour le patient et une bonne qualité bactériologique. Ainsi, l’eau de ville pour être utilisée à des fins thérapeutiques, doit subir un traitement spécial dans lequel la chaîne de filtration est cruciale. Comme le rappelle Philippe Auvray, « il faut adopter une démarche de traitement de l’eau raisonnable et raisonnée pour en utiliser le moins possible mais avec la plus haute qualité. » C’est aujourd’hui chose faite grâce au système de purification AQUAboss qui, par une dernière étape de traitement (appelée double osmose), permet de produire une eau ultrapure avec une consommation en eau et en électricité optimale. L’investissement pour installer de tels dispositifs a permis de réduire entre 2016 et 2020 de 20 % le volume d’eau consommé en moyenne au niveau national. Soit une réduction de 12 500 litres d’eau par patient traité par an ou une demi-piscine olympique par an et par centre ! 

Un traitement innovant pour les solutions acides

En dialyse, l’eau est mélangée à des solutions acides pour épurer le sang. Celles-ci atteignent une concentration entre 5 et 10 % pour 95 % d’eau. Elles arrivent d’Allemagne, conditionnées dans des bidons de 5 litres. « Nous avons aujourd’hui la capacité de créer nous-mêmes nos solutions acides (NDLR : ECOMix Revolution), poursuit Philippe Auvray, en important uniquement le composant de base sous forme de poudre et en utilisant l’eau très pure que nous produisons. Nous avons ainsi diminué de 52 % en moyenne le recours annuel aux concentrés acides conditionnés en bidons plastique2. » Cette distribution centralisée évite par ailleurs aux personnels de transporter quotidiennement et plusieurs fois par jour les contenants ce qui améliore la qualité de leur vie au travail et du soin auprès des patients. Cela permet également de diminuer l’empreinte carbone liée au transport de près de 57%3. En complément, les bidons qui continuent d’être utilisés ne sont plus enfouis mais intègrent une filière de recyclage spécifique.

D’autres pistes d’amélioration pour une dialyse plus durable

Plus globalement, concernant la gestion des déchets, les centres B. Braun Avitum produisaient en moyenne 1,7 kg de DASRI par séance de dialyse en 2020. Grâce à une démarche d’optimisation du tri, une réflexion sur l’ergonomie du poste de travail des soignants au lit du patient, une communication revue et la formation de 50 professionnels de santé, la moyenne est descendue à environ 1,5 kg au 2ème trimestre 2021, avec l’objectif d’atteindre 1,2 kg fin 2023.

Mais les initiatives ne s’arrêtent pas là et concernent de nombreux autres domaines dont, par exemple, la valorisation de certains filtres utilisés en dialyse dans une optique d’économie circulaire pour, là encore, limiter les déchets et leur enfouissement.

« En initiant des changements, en les faisant connaître et en encourageant les équipes, depuis les aides-soignantes, les secrétaires médicales et les infirmières jusqu’aux médecins en passant par les cadres de santé, nous améliorons petit à petit notre impact environnemental et inventons la dialyse de demain », se réjouit Philippe Auvray. « Les centres B. Braun Avitum seront mobilisés dès 2023 autour du label Très Haute Qualité Sanitaire sociale et Environnementale » conclut Cécile Naux.

[1] Provence-Alpes-Côte d’Azur.

[2] Évaluation des bénéfices d'ECOMix Revolution, BBraun, novembre 2021.

[3] Op. Cit.