Troubles de la continence : le soutien émotionnel, la voie de l’acceptation
Détecter un ou des troubles de la continence, qu’elles qu’en soient les causes, revient à annoncer à un patient qu’il va devoir adhérer à un protocole contraignant, quelquefois à vie. Cela a des répercussions à plusieurs niveaux : contraintes mécaniques, d’hygiène, d’environnement (intimité, vie sociale). Colette Garneau, psychopraticienne, accompagne quotidiennement les patients dans leur processus de deuil et de réparation pour « mieux vivre » une pathologie ou une situation de vie telle que les troubles de la continence.
Vous évoquez le langage thérapeutique pour faciliter l’établissement du lien de confiance soignant/soigné. En quoi cela consiste-t-il ?
Dans tous les cas de figure, la première étape, fondamentale, est celle de bien communiquer afin de créer un lien de confiance soignant/soigné. Les mots ont un impact neurologique et le langage thérapeutique permet d’utiliser des mots adaptés à la situation du patient. Certains mots sont apaisants, rassurants et favoriseront dès le départ un meilleur regard sur leur situation.
C’est un levier majeur du soutien émotionnel apporté par les personnels soignants. Par exemple, à l’annonce du diagnostic, souvent effectué dans un temps restreint, le patient est sous le choc. Or, qui dit appréhension dit stress, et qui dit stress dit douleur. Il faut donc choisir les mots adéquats pour : apaiser, désamorcer, voire recontextualiser.
Le soutien psychologique qu’apporte les personnels soignants peut créer, tout de suite, les conditions favorables pour mettre le patient en confiance sur sa capacité à faire face à ce qu’il vit.
Les patients valorisent les compétences des infirmières (au clic sur infirmières redirection vers l’article « accompagnement thérapeutique) et celles-ci peuvent donc utiliser leur crédibilité pour aborder avec le patient l’importance de se faire aider, de parler de ce qu’ils vivent au psychologue de l’hôpital ou à un thérapeute lors de leur sortie. J’aime à dire que l’aide médicale et le soutien émotionnel sont comme les deux ailes d’un oiseau.
Je m’inscris dans une démarche de soin globale avec les autres professionnels de santé : tout ce que je vais dire et faire, mon attitude en général, compte et il est important d’en être conscient. Il n’y a rien comme un bon mot dit au bon moment, un bon geste fait au bon moment.
Le suivi psychologique a pour ambition d’amener le patient à mieux vivre avec sa pathologie. Comment procédez-vous ?
Je vérifie tout d’abord des éléments de base : quels sont les appuis sur lesquels le patient peut compter. Dans quel environnement familial, social et professionnel évolue-t-il ? Est-ce qu’il dort bien, s’alimente correctement ? Quelle est sa situation financière ? Ensuite, nous aborderons ensemble l’estime de soi, les enjeux des troubles de la continence auxquels il devra faire face dans sa vie quotidienne, etc.
La thérapie peut être brève, ponctuelle, ou plus longue selon les besoins. Elle vise à accompagner et soutenir le patient dans le processus de deuil, qu’il s’agisse d’un diagnostic, ou pour aider à l’adhésion au soin. Elle peut aussi contribuer à redynamiser ou remotiver un patient dans l’observance de son protocole de sondage urinaire.
Les émotions jouent un rôle primordial dans l’acceptation du protocole. Quels conseils donneriez-vous aux patients ?
Guérir émotionnellement pour retrouver assurance et estime de soi, malgré sa pathologie, est un parcours très personnel. Il est important de laisser le processus se dérouler naturellement et donner le temps à la réparation. Pour moi, il n’y a pas de mauvaises ou de bonnes émotions mais seulement des émotions utiles. Il faut plus que jamais démystifier la thérapie et oser se faire du bien !
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