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3 décembre 2024
Florian Merrien, pongiste paralympique multimédaillé, a réitéré l’exploit en décrochant une médaille de bronze en double mixte aux Jeux de Paris 2024. Il nous partage son expérience au cœur de cet événement exceptionnel. Avec sa partenaire Flora Vautier, il a vécu des moments riches en émotions dans une compétition à domicile, soutenu par un public enflammé. Entre exploits sportifs, défis logistiques et réflexions sur le handicap, il revient sur cette aventure unique.
Florian Merrien est l’un des piliers du tennis de table paralympique français. À 39 ans, ce Rouennais a participé à ses cinquièmes Jeux paralympiques et décroché une nouvelle médaille en double mixte avec Flora Vautier, jeune espoir de la discipline. Mais ce succès est le fruit d’un équilibre méticuleux entre vie professionnelle, sportive et familiale.
« Je travaille pour le département de la Seine-Maritime. Même si j’ai un détachement, il faut que je gère cette activité en parallèle des stages, des compétitions internationales et de ma vie de famille. Ce n’est pas toujours simple, mais j’y arrive », confie-t-il.
Florian vit avec un handicap non évolutif, ce qui lui permet de structurer son quotidien de manière stable. « Mon quotidien est parfois exigeant, mais je n’ai pas de soucis majeurs liés à mon handicap, résume-t-il. Même si cela demande des ajustements permanents, surtout en période de compétition. « Lors des gros tournois, la gestion de l’hydratation et des pauses sanitaires doit être parfaitement calée. Heureusement, je ressens le besoin d’uriner et je suis parfaitement autonome pour me sonder, ce qui facilite beaucoup de choses. »
S’il a adoré le fait de participer à des Jeux « à la maison », l’expérience paralympique n’a pas été exempte de critiques, notamment sur les infrastructures. Florian évoque les lacunes du village olympique, pourtant conçu pour accueillir des athlètes en situation de handicap. « Il y avait des pavés partout, une vraie galère en fauteuil roulant », souligne-t-il. « Je suis autonome, mais je n’ose pas imaginer les difficultés pour ceux qui dépendent d’une assistance. »
Ces obstacles logistiques traduisent un manque de préparation qu’il juge décevant. « On nous avait promis des stations de métro adaptées, mais seules les stations autour des sites de compétition ont été aménagées. C’est frustrant de constater que ces Jeux n’ont pas apporté les avancées durables qu’on espérait. »
Malgré cela, pour Florian, ces Jeux à domicile ont offert une ambiance sans précédent. « L’engouement était monstrueux. Toute ma famille, mes amis et même mes partenaires/sponsors étaient présents. Certains ont fait l’aller-retour depuis Rouen dans la journée juste pour venir nous voir. »
Cette ambiance, incomparable aux précédents Jeux auxquels Florian a assisté, a joué un rôle dans sa victoire avec Flora. « En quart de finale, on a senti nos adversaires coréens déstabilisés, ce qui est rare à ce niveau, pour eux. Peut-être que le public nous a donné cette énergie supplémentaire pour décrocher la médaille. »
Ce duo inattendu, composé de lui Florian, athlète expérimenté et de Flora, 20 ans, a su puiser dans cette ferveur pour se sublimer. « Travailler avec Flora, qui a 20 ans de moins que moi, a demandé des ajustements. Mais nous avons rapidement trouvé notre rythme. Elle est pleine d’énergie et moi, j’apporte l’expérience. » Et de poursuivre : « Elle est impressionnante pour son âge. Elle a su gérer la pression et montrer une maturité exceptionnelle. Cette médaille, c’est vraiment le fruit d’un travail d’équipe. »
Quand on évoque le fait de savoir si le regard du public a changé sur le handicap, Florian répond sans détour. S’il reconnaît une avancée majeure dans le traitement médiatique du handisport, il reste plus mitigé sur l’évolution de la société. « Cette fois, la première fois pour moi en tout cas, les journalistes ont mis l’accent sur nos performances et non sur notre handicap. C’est une vraie victoire pour nous, athlètes. [Cependant], ces Jeux étaient une parenthèse dorée. Dans la vie quotidienne, les mentalités n’ont pas vraiment changé. »
Son analyse va au-delà des Jeux. Il salue le parcours de Flora, devenue influenceuse en fauteuil roulant, une première en France. « C’est un signal positif. Mais elle, comme moi, savons qu’il reste beaucoup à faire pour changer durablement les mentalités. »
« Avec Flora, nous espérons viser une nouvelle médaille aux Jeux de Los Angeles en 2028 »
Florian entend bien ne pas s’arrêter là et poursuivre sa carrière avec un objectif clair : les Jeux de Los Angeles en 2028. « J’ai annoncé avant Paris que je continuerais, quel que soit le résultat. Avec Flora, nous avons construit un duo solide, nous nous sommes beaucoup entraînés et nous serons encore meilleurs dans quatre ans. »
L’athlète est conscient que cette ambition dépendra aussi du soutien financier de ses sponsors. En attendant, il reste focalisé sur son entraînement et sur l’objectif d’atteindre de nouveaux sommets avec Flora Vautier.
Naissance à Mont-Saint-Aignan. À 18 mois, un virus affectant sa moelle épinière le contraint à être en fauteuil à vie.
À 10 ans, Florian découvre le tennis de table sur les conseils de son kinésithérapeute et rejoint le club du Tennis de Table Grand Quevilly en Seine-Maritime.
À 18 ans, il intègre l'équipe de France et participe à son premier championnat d'Europe à Zagreb, atteignant les quarts de finale en individuel et une quatrième place par équipe.
Lors des Jeux paralympiques de Pékin, Florian remporte la médaille d'or par équipe, marquant un tournant majeur dans sa carrière.
Durant les jeux paralympiques de Londres, il décroche la médaille de bronze en équipe et une 4ème place en individuel.
Aux Jeux paralympiques de Rio, il décroche la médaille de bronze en individuel, confirmant sa place parmi les meilleurs pongistes mondiaux.
Lors des Jeux paralympiques de Paris, Florian obtient la médaille de bronze en double mixte avec sa partenaire Flora Vautier.
